Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/416

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Peuple honnête, plein de jeunesse,
Plein de ma jeunesse et de ma grâce.
Les eaux du ciel, tu n’en es point intimidé.
Tu n’en es point embarrassé, les eaux du ciel tu les détournes.
Les jours mauvais pleuvent et pleuvent, ils ne te corrompent point.
Au contraire, peuple qui assainis tout.
France ma fille aînée.
Les jours mauvais tu n’en fais point des corruptions et des pestilences.
Des eaux corrompues, des eaux mortes.
Les jours mauvais tu n’en fais point des mortes eaux.
Toutes glaireuses.

Mais jardinier, peuple jardinier tu en fais ces beaux ruisselets d’eau vive

Qui arrosent les plus beaux jardins
Qu’il y ait jamais eu au monde.
Qui arrosent les jardins de ma grâce, les éternels jardins.
Moi je sais, dit Dieu, jusqu’où un Français peut se taire.
Sans rompre l’alignement,
Je sais jusqu’où un Français peut ne pas rompre une ordonnance.
Et ce qu’ils souffrent en dedans, et jusqu’où,
Quelles épreuves ils portent, sans bouger d’une ligne,
Comme un beau pont, comme une belle voûte bien juste.

Quels sacrifices ils m’apportent, (en secret), nul sacrifice n’est si profond

Qu’un labour français.