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À ma chère Espérance.
Qui ne veut point me confier le gouvernement de sa vie.
Pendant qu’il dormirait.
Le sot.
Qui ne veut point me confier le gouvernement de sa nuit.
Comme si je n’avais pas fait mes preuves.
Qui ne veut pas me confier le gouvernement d’une nuit de lui.
Comme si plus d’un.
Qui avait laissé ses affaires très mauvaises en se couchant.
Ne les avait pas trouvées très bonnes en se levant.
Parce que peut-être j’avais passé par là.




Les nuits se suivent et se tiennent et pour l’enfant les nuits sont continues et elles sont le fond de son être même.

C’est là qu’il retombe. Elles sont le fond même de sa vie.

Elles sont son être même. La nuit est l’endroit, la nuit est l’être où il se baigne, où il se nourrit, où il se crée, où il se fait.

Où il fait son être.
Où il se refait.

La nuit est l’endroit, la nuit est l’être où il se repose, où il se retire, où il se recueille.

Où il rentre. Et il en sort frais. La nuit est ma plus belle création.