Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/78

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deuxième fois, qui dure éternellement ; mais une première fois, une fois antérieure, une fois terrestre ; et c’est cela qui ne fut donné qu’une fois, c’est cela qui n’a pas été donné à tout le monde. Il y a plusieurs classes de saints, il y en a deux, et vous êtes de la première classe, et nous tous tous les autres, pécheurs et saints, nous ne sommes tous après que des ouvriers de la onzième heure ; et les saints mêmes, les autres saints dans le ciel, ils ne sont, après, désormais ils ne sont que des saints de la onzième heure. Car ils ne le voient que dans l’éternité, où on a le temps, et vous vous le voyez aussi dans l’éternité ; et vous l’aviez vu, vous l’avez vu sur la terre, où l’on n’a pas le temps. Histoire unique, histoire terrestre, qui passa si vite, qui ne recommencera point. Mystère effrayant, vous avez approché ce mystère effrayant. Villes cathédrales, vous n’avez point vu cela. Vous enfermez dans vos églises cathédrales des siècles de prière, des siècles de sacrements, des siècles de sainteté, la sainteté de tout un peuple, montant de tout un peuple, mais vous n’avez pas vu cela. Et eux ils l’ont vu. Tous ils l’ont vu, sans se déranger, ceux qui étaient là et ceux qui étaient venus, ceux qui étaient venus exprès et ceux qui n’étaient pas venus exprès ; les bergers, les mages, et l’âne, et le bœuf qui soufflait dessus pour le réchauffer. Il était à portée de la voix, il était à portée de la main, il était à portée des yeux, du regard des yeux, et cela ne recommencera point. Reims, vous êtes la ville du sacre. Vous êtes donc la plus belle ville du royaume de France. Et il n’y a pas de cérémonie plus belle au monde, il n’y a pas dans le monde de cérémonie aussi belle que le sacre du roi de France, dans