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DES SAINTS INNOCENTS Et d’avoir vu ce qu’elles ont vu. Et d’avoir souffert ce

qu’elles ont souffert. Et d’avoir passé par où elles ont passé. Et de savoir ce

qu’elles savent.

Qu’ils en auront assez.

Pour éternellement assez et que tou( ce qu’ils deman- deront c’est qu’on leur fiche la paix.

Dona eis, Domine, pacem,

El requiem aeternam. La paix et le repos éternel.

Parce qu’ils auront connu certaines histoires de la terre.

Et qu’ils ne voudront plus entendre de rien que d’un champ de repos.

Et de se coucher pour dormir.

Dormir, dormir enfin.

Et que tout ce qu’ils supporteront et que tout ce que je pourrai mettre

Et apporter

(Celui que je prends dans son sommeil de la terre est bien heureux, et c’est bon signe, mes enfants)

Comme le trop malade et le trop blessé ne supporte plus la vie et le remède et l’idée même de laguérison.

Mais seulement le baume sur la blessure.

Et n’a plus aucun goût pour la santé.

Ainsi sera-t-il dit que sur tant de blessures.

Ils ne supporteront que la fraîcheur du baume.

Comme un blessé fiévreux.

Et qu’ils n’auront (plus) aucun goût pour mon paradis

Et pour ma vie éternelle.

Et que tout ce que je pourrai mettre sur tant de bles- sures ;

Sur tant de cicatrices et sur tant de sacrifices ;

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