Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/302

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Sa barbe, ses cheveux, ses habits arrachés,
Sa poitrine, ses bras, ses poignets attachés,
Les plus savants ressorts à l’instant décrochés ;

C’est dans le vieux Paris la foule endimanchée
Le dimanche matin, c’est la soif étanchée
Au calice d’or pur, la pauvresse penchée

Sur une plus pauvresse et c’est l’amour cachée
Dans l’âme la plus pauvre et la douleur couchée
Dans le lit de tout homme et toute orge fauchée ;

Les armes de Jésus c’est toute onde épanchée
Dans un gosier de fièvre et toute âme ébauchée
Au coin de toute lèvre et toute fleur jonchée

Au pied des pieds saignants et toute arme ébréchée
À force de servir et la tige ébranchée
À force de produire et la paille hachée ;

Les armes de Jésus c’est l’amour et la peine,
Et l’amour est aux mains des suppôts de la haine,
Et la mort est aux mains de toute châtelaine ;

Les armes de Jésus c’est la vie et la mort,
C’est le fleuve fécond, c’est l’éternel apport
De vase et de limon en plein milieu du port ;