Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est encore transporter de la boue dans le temple.
Or il ne faut point que la boue passe le seuil de la porte.

Quand l’hôte arrive chez l’hôte qu’il s’essuie simplement les pieds avant d’entrer

Qu’il entre propre et les pieds propres et qu’ensuite
Il ne pense pas toujours à ses pieds et à la boue de ses pieds.

Or vous êtes mes hôtes, dit Dieu, et je vaux bien ce Dieu qui était le Dieu des hôtes.

Vous êtes mes hôtes et mes enfants qui venez dans mon temple.
Vous êtes mes hôtes et mes enfants qui venez dans ma nuit.

Au seuil de mon temple, au seuil de ma nuit, essuyez-vous les pieds et qu’on n’en parle plus.

Faites votre examen de conscience, mais que ce soit de vous essuyer les pieds.

Et nullement au contraire que ce ne soit pas
De transporter dans le temple les boues et le souvenir des boues du chemin
Et que ce ne soit pas de faire traîner sur le seuil auguste de ma nuit
Les traces, les marques des boues
De vos sales chemins de la journée.

Débarbouillez-vous le soir. C’est ça, faire votre examen de conscience. On ne se débarbouille pas tout le temps.

Soyez comme ce pèlerin qui prend de l’eau bénite en entrant dans l’église

Et qui fait le signe de la croix. Ensuite il entre dans l’église.