Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/70

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L E M Y S T È R E Et des peaux si flétries que jamais elles ne redevien- dront fraîches. Et des peaux si fanées que jamais elles ne redevien- dront jeunes.

Et des peaux si tannées que jamais elles ne redevien- dront neuves.

Et des peaux si meurtries que jamais elles ne redevien- dront saines.

Et des âmes si ilélries que jamais elles ne redeviendront pures.

Et des mémoires si pleines que jamais elles ne redevien- dront vides.

Et des boi-ds de paupière si ourlés que jamais ils ne redeviendront purs.

Et des paupières si usées de travail que jamais elles ne redeviendront lisses.

Et des voix si voilées que jamais elles ne redeviendront pures. Que jamais elles ne redeviendront jeunes.

Et des regards si voilés que jamais ils ne redeviendront profonds.

Et des voix si noyées de sanglots.

Et des yeux si noyés de travail, et des yeux si noyés de larmes.

Des yeux perdus, des voix perdues.

Et des mémoires si perdues de peines que jamais elles ne redeviendront neuves.

Et des âmes si perdues de détresse que jamais elles ne redeviendront jeunes.

Que jamais elles ne redeviendront enfants.

Et que les cheveux blancs jamais ne redeviendront

Des cheveux bouclés de jeunesse.

Et que ces pauvres créatures auront passé par de telles détresses.

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