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DES SAINTS INNOCENTS

Et de mon gouvernement envers lui et envers sa liberté.

Si je le soutiens trop, il n’est plus libre

Et si je ne le soutiens pas assez, il tombe.

Si je le soutiens trop, j’expose sa liberté

Si je ne le soutiens pas assez, j’expose son salut :

Deux biens en un sens presque également précieux.

Car ce salut a un prix infini.

Mais qu’est-ce qu’un salut qui ne serait pas libre.

Comment serait-il qualifié.

Nous voulons que ce salut soit acquis par lui-même.

Par lui-même l’homme. Soit procuré par lui-même.

Vienne en un sens de lui-même. Tel est le secret,

Tel est le mystère de la liberté de l’homme.

Tel est le prix (jue nous mettons à la liberté de l’homme.

Parce que moi-même je suis libre, dit Dieu, et que j’ai créé l’homme à mon image et à ma ressemblance.

Tel est le mystère, tel est le secret, tel est le prix

De toute liberté.

Cette liberté de cette créature est le plus beau rellet qu’il y ait dans le monde

De la Liberté du Créateur. C’est pour cela que nous v attachons.

Que nous y mettons un prix propre.

Un salut qui ne serait pas libre, qui ne serait pas, qui ne viendrait pas d’un homme libre ne nous dirait plus rien. Qu’est-ce que ce serait.

Qu’est-ce que ça voudrait dire.

Quel intérêt un tel salut présenterait-il.

Une béatitude d’esclaves, un salut d’esclaves, une béatitude serve, en quoi voulez-vous que ça m’inté- resse. Aime-t-on à être aimé par des esclaves.

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