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OEUVRES POSTHUMES

Jersey, mai 1853.

Dans son esprit la guillotine criminelle rejoignait cer- tainement la guillotine révolutionnaire, l'échafaud était toujours l'échafaud, et il faudrait faire une étude plus générale de tout le supplice dans son œuvre, depuis le tourmenteur-juré jusqu'aux plus modernes exécuteurs. Ces échafauds ne commençaient peut-être pas au vieil échafaud royal ; mais avant ; et ils ne finissaient certai- nement pas à l'échafaud révolutionnaire ; mais après ; ils ne commençaient peut-être pas en place de Grève ; mais avant ; et ils ne finissaient certainement pas en place de la Révolution ; mais après ; ils ne commen- çaient peut-être pas à Notre-Dame-de-Paris ; mais avant ; et ils ne finissaient certainement pas à Quatre- vingt treize. Mais après. Tout cela procédait des plus anciennes chambres de torture. Et cette préoccupation du supplice faisait si je puis dire une excursion, et importante, en Angleterre, dans V Homme qui rit; et elle avait je pense commencé par faire une excursion coloniale importante dans Bug-Jargal, (bien que per- sonne n'ait jamais su ce qu'il y avait dans Bug-Jargal). Et enfin il y avait eu le Dernier jour d'un condamné. Or ce dernier jour d'un condamné a commandé d'en avant toute sa fortune. Il ne faut jamais perdre de vue l'influence capitale (s'il est permis de parler ainsi) du dernier jour d'un condamné sur la carrière littéraire, politique, romantique, humanitaire de Victor Hugo, et

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