Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/180

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OEUVRES POSTHUMES ment s'étonner que les vagues se pressent. Des ombres innombrables, une masse énorme d'ombres veulent boire ce sang sur le bord de la tombe. Or elles ne peuvent boire que une à une et Tune après l'autre. Comment s'étonner que les ombres se pressent.

Elles veulent toutes passer par cette pointe qui est leur point d'insertion dans la réalité. Nous le sentons très bien, quand nous lisons, dit l'histoire. Un texte devient illisible aussitôt que nous avons l'impression que la main attend après la tête, que la plume attend après la pensée. Il ne faut pas que nous ayons l'impression que la plume est levée. Il faut que nous ayons l'impres- sion que le papier se déroule, que le papier attend la plume, que le papier demande la plume. Que le papier appelle la plume. Il ne faut pas que nous ayons l'im- pression que la plume se lève du papier).

Etant deux divisions ils étaient deux colonnes. Com- ment ne pas les reconnaître, les deux divisions lourdes, dans la grande édition plate, et comment ne par recevoir cette impression physique, (mais une impression phy- sique est légitime chez Hugo), que les deux colonnes, sur la plage de la page, sur la double page plate éten- due à plat, que les deux colonnes, sur le plat de cette plaine double ouverte, double étendue les voilà bien alignées pour la revue et pour la guerre, pour la parade et pour la bataille, les deux lourdes colonnes rectangu- laires. Et déjà elles s'ébranlent pour marcher. Com- ment ne pas voir, comment ne pas reconnaître dans les

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