Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/257

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C L I dans un vers d'Homère. Moi aussi, je serais très capable d'entendre un texte, au lieu de le compter, et d'être obéissante au texte. Et bien allante et bien venante. Et bien servante et bien suivante. Et (bonne) entendante et intelligente. Mais c'est justementce que l'on ne veut pas. C'est justement ce quils ne veulent pas. //s? Nos maîtres. C'est justement ce que l'on m'interdit. Moi aussi je serais la servante au grand cœur. Moi aussi je recevrais le texte comme un grand hôte au seuil d'une indigne maison. Moi aussi j'accueillerais le texte comme un hôte royal sur le pas de la porte de la plus humble maison. Et je me courberais sur les pieds de l'hôte Mais c'est justement ce qu'ils ne veulent pas. Respecter même un texte, c'est la dernière idée qui leur viendrait . Ces hommes qui passent leur temps k établir des textes, l'idée ne leur viendra jamais de servir un texte, d'en- tendre un texte, (et d'entendre à un texte), de l'accueillir comme un hôte auguste et pourtant familier. Auguste et d'autant familier. D'y chercher une auguste et d'y trouver une familière nourriture. Non pas même un enseignement, mais une païenne, une chrétienne, une spirituelle, une charnelle nourriture. C'est qu'ils ne sont en effet ni païens, ni chrétiens, ni spirituels ni charnels. Ils sont modernes. Un vers d'Homère, un vers de Sophocle ; un vers de Corneille, un vers de Racine; un vers de Ronsard; un \ers de Vigny, un vers de Hugo ; et pourquoi ne pas le dire un vers de Lamartine, un vers de Musset sont devant eux comme des accusés. Ils les établissent. Comme on établit un

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