Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/29

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G L I Faut-il le dire ? notre père courait le guilledou. Tou- jours quelque histoire de jupons. Et encore quand je dis de jupons, c'est plutôt par habitude. Des déguise- ments grotesques. Des mascarades. Une quantité de faux ménages.

La prostitution, l'adultère, V inceste, Le vol, Vassassinat et tout ce qu'on déteste, C'est Vexemple qu'à suivre offrent nos immortels. Notre pauvre mère avait bien du mal. Notre père était bien grotesque avec toutes ses bonnes fortunes, ses victoires archéologiques sur de faibles femmes, ses innombrables déguisements, pour Molière, ses faciles triomphes sur tant de femmes faciles ; et son aigle deuxième Empire; et sa foudre en zig-zag, souvent cruelle, souvent injuste, souvent brutale, et qui se trompait. Qui savait se tromper. Tout ce qu'il avait pour lui, mon pauvre père, et il ne s'en doutait peut-être pas, ce n'était point sa force, dont il était si fier; ce n'était point cette puissance dont il avait conçu tant d'or- gueil ; il ne s'en doutait peut-être pas, tout ce qu'il a pour le sauver, mon ami, c'est qu'il était le Dieu des portes et du seuil des portes, c'est que pas un naufragé ne ten- dait sur la mer ses mains suppliantes, vers quelque trirème lointaine entre-aperçue au ras des flots, c'est que pas un naufragé ne tendait sur la terre ses mains suppliantes, c'est que pas une barque à une voile ne sombrait insecourue, pas un fugitif, pas un proscrit, pas un exilé, pas un cpuyàç, pas un exsul, pas un misérable, pas un aveugle, Homère,

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