Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/44

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��OEUVRES POSTHUMES atteintes autres que les atteintes physiques des intem- péries. En vérité je vous le dis, moi l'histoire: C'est vraiment un scandale ; et c'est donc un mystère ; et c'est vraiment le plus grand mystère de la création tem- porelle : Que les (plus grandes) œuvres du génie soient ainsi livrées aux bêtes (à nous messieurs et chers con- citoyens) ; que pour leur éternité temporelle elles soient ainsi perpétuellement remises, tombées, permises, livrées, abandonnées en de telles mains, en de si pauvres mains: les nôtres. C'est-à-dire tout le monde. Si dur que soit ce marbre, les architectures qu'il a édifiées reçoivent et perdent de nous incessamment, de tout le monde, une autre patine, que la patine du soleil char- nel, une patine nouvelle; nos regards, nos sots regards y laissent et y reprennent incessamment, y mettent et y regrattent sans cesse une patine invisible. C'est cette patine qui est proprement la patine historique. Nos mauvais regards, nos regards indignes découronnent ces temples. Des bons regards, des regards dignes les recouronneraient temporairement. Des compléments, des complètements indispensables se feraient. Des achèvements indispensables se feraient.

Je dis indispensables, car si nous ne les faisons pas, nul ne les fera, jamais. Un bon regard, un regard an- tique achève. Un mauvais regard, un regard barbare, un regard moderne désachève. Un regard nul, zéro regard, pas de regard du tout est en un sens le plus mauvais, le pire mauvais regard : car c'est le regard de la dénutrition définitive, de la désaffection finale, c'est

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