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c'est-à-dire tout, est marqué du temps et de cette tare du temps. Et ce n'est plus seulement la lèpre ou le péché mortel, Péguy, c'est la lèpre et le péché mortel. Toute la création temporelle, toute la matière histo- rique est ainsi et pour tout son temps recreusée d'une tare intérieure, d'une vanité, d'une viduité. D'une va- nité comme elle éternellement temporelle. D'une vi- duité ensemble avec elle et en dedans d'elle temporel- lement éternelle. Un vautour extérieur mordait au foie, un vautour infatigable rongeait l'impérissable Promé- thée. Un vautour intérieur nous ronge, un vautour héréditaire, d'autant plus sûr, d'autant plus impla- cable, nous mord au foie, un vautour infatigable ronge l'impérissable, et pourtant périssable création tempo- relle. Définitivement périssable. Un jour périssable. Car c'est ici très exactement, c'est littéralement, c'est diamétralement le contraire d'Anligone. C'est bien la loi d'aujourd'hui et d'hier, et c'est la loi écrite, tout ce qu'il y a de plus écrite, la loi de l'inscription histo- rique même. Nùv ye xocyôèç, xai àec 7roxe | Çyj rauxa, xal 7tavTsç ï<ï(X£v \\ otou '«pav»j. Elle vit aujourd'hui (du moins) et hier, et toujours ; (toujours temporellement; et nous savons tous (très bien) de qui, d'où elle est ap- parue. Elle nous est venue, elle nous est léguée, elle nous vient, elle (nous) est apparue de notre grand- père Chronos. (Nous éviterons, n'est-ce pas, de Yor- Mographier Khronos, parce qu'avant tout il ne faut pas ressembler à Leconte de Lisle). Malheureusement, l'aïeul Temps, le vieux squelettique, le vieux à la faux,

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