Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/81

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enterrer, comme lui seul savait le faire, pendant que vous étiez encore retenu, non point sans doute à cin- quante, mais tout de même à trente lieues de là, dans votre cinquième ou votre sixième de votre lycée de province.

Tout ce que les paysans de votre pays, Péguy, mettent dans ce mot, un vieux, tout ce qu'ils y entendent, tout ce qu'ils y mettent de noueux, de racine, de ayant résisté, de ayant poussé, de ayant vieilli, de ayant tenu le coup, de ayant passé par n'im- porte quoi, victorieusement, et pour ainsi dire de ne devant jamais finir, c'est tout cela qu'il faut mettre, qu'il faut laisser dans le mot et dire du vieil Hugo : Ceta.iL un vieux. Il laissait à l'autre le soin de porter le monocle et d'être un Olympien, 'OXûfrruôç xiç. Lui il portait ses deux yeux, les yeux aux lourdes paupières, aux deux poches dessous, les yeux sinon les plus pro- fonds, du moins les plus profondément voyants qui se soient jamais ouverts sur le monde charnel. Qui sur la création se soient jamais posés. Il portait ses yeux grands ouverts. Il était un homme, simplement, (c'était lui le mangeur de bœuf), un vieil homme à l'écorce ridée. Il savait ce qui éclate partout dans Homère, qu'il y a plus dans un homme que dans un Dieu qui étonne au loin. Et passible il ne voyait aucun inconvénient à laisser Leconte de Lisle impassible poursuivre sa car- rière de vieillard et de dieu.

Mais, vieux, oti tremble ainsi qu'à Vhiver le bou- leau. Pareillement il n'avait jamais donné beaucoup

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