est un temps de méthode, et un deuxième temps, qui est un temps de métaphysique. Quand on dit que le platonisme est une philosophie de la dialectique, et le cartésianisme une philosophie de l’ordre, et le bergsonisme une philosophie du réel, on les prend tous les trois dans leur temps de méthode. Quand on dit que le platonisme est une philosophie de l’idée, et le cartésianisme une philosophie de la substance, et le bergsonisme une philosophie de la durée, on les prend tous les trois dans leur temps de métaphysique.
Le cartésianisme a été une rupture violente. Le bergsonisme a été une rupture, une déliaison vive et comme acharnée. Il y a certainement dans le bergsonisme comme un acharnement qu’il n’y a point dans le cartésianisme. Mais c’est que peut-être la rupture, la déliaison qu’il s’agissait d’opérer dans le bergsonisme était encore plus menacée, plus précaire, et d’autre part plus indispensable encore que celle qu’il s’agissait d’opérer dans le cartésianisme. Nous sommes infiniment plus liés à l’esclavage du tout fait que nous ne sommes liés à l’esclavage du désordre. L’esclavage du tout fait est infiniment plus prêt à nous reprendre que l’esclavage du désordre. Et il a des conséquences infiniment plus désastreuses. Dans le désordre même il peut y avoir des coups de fortune et même des coups d’ordre. Dans ce qui est fatigué il n’y a plus ni grâce ni jaillissement. De tout ce qu’il peut y avoir de mauvais, l’habitude est ce qu’il y a de pire. Le cartésianisme ne remontait, ne refoulait qu’une habitude, qui était l’habitude du désordre. Le bergsonisme a entrepris de refouler toute l’habitude comme telle, toute l’habitude organique et mentale.