Page:Peguy oeuvres completes 09.djvu/52

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machinalement les effrayantes paroles : Et dimitte nobis debita nostra, sicut et nos dimittimus debitoribus nostris. Qu’un seul tout à coup, soudainement éclairé, les prenne au sérieux, ces paroles, les laisse comme lui entrer dedans, c’est instantanément la plus grande révolution qu’il puisse actuellement y avoir, car c’est une révolution dans le règne de l’argent, c’est une subversion du règne de l’argent. Et c’est encore un homme de sauvé.

Tout est dans l’incorporation, dans l’incarcération, dans l’incarnation. Et ici encore et en ceci même nous sommes forcés de parler le langage bergsonien et en ceci on n’en parlera jamais d’autre. Tout est dans l’insertion et l'insertion est extrêmement rare. De Dieu, il n’y a eu qu’une incarnation, et des idées même il y a bien peu d’incorporations. Quand au lieu de regarder une idée en l’air, tout à coup elle est prise au sérieux, c’est cela qui est, et qui fait, une révolution. Et l’histoire ne compte que trois ou quatre de ces grands ébranlements.

Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. Le bergsonisme aussi est une méthode pour bien conduire sa raison. Le bergsonisme aussi a une raison. Le bergsonisme aussi est un parti de la raison. On ne voit pas ce que serait une philosophie qui ne serait pas un parti de la raison. Le bergsonisme entend même servir encore mieux la raison, car il entend pour ainsi dire la servir encore de plus près. Toute philosophie est évidemment