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Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/100

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croire ça, tel est le leit-motiv honteux, le leit-motiv de couardise qui court sous tout cet article. Et surtout je ne suis pas si bête que de croire comme eux, que de croire comme tout le monde, que de croire comme le commun, comme les petites gens, que de croire comme les pauvres, comme les enfants, comme les peuples. Et vous m’entendez bien, comme le dit cette vieille chanson de soldats.

§ 179. — Bannir de chrétienté tout ce qui en est, tout ce qui en fait la source et la force. Il y a longtemps que nous n’avions pas assisté peut-être à une telle entreprise de démolition de la chrétienté du dedans, en son dedans. Retrancher, bannir de chrétienté l’enfance même, qui en est certainement la source la plus pure. Supprimer des sources de sainteté cette enfance qui en est certainement la source la plus pure. La source première. La plus antique, la plus aimée, la plus profonde source. Enfin M. Laudet n’a donc jamais entendu parler, même dans le monde, il n’a donc jamais entendu passer ces expressions, même en musique : la sainte enfance, l’enfance du Christ. M. Laudet n’a donc jamais vu passer dans les rues une bande de petites pensionnaires et on ne lui a jamais dit : C’est la Sainte-Enfance. Si M. Laudet supprime, si M. Laudet abroge de la sainteté l’enfance, qu’est-ce que M. Laudet fait des saints enfants, les plus purs, les plus tendres, les plus célestes, et sans parler ici des saints Innocents qu’est-ce que M. Laudet fait de cette glorieuse enfance de sainte Geneviève, qui demeurera dans les siècles la lumière de Paris, comme l’échec de Jeanne d’Arc en demeurera la grande ombre.