Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/102

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ne sont pas seulement des maisons, générales, et ces œuvres ne sont pas des objets, particuliers, qui y sont placés. Logés dans ces maisons. Mais les unes et les autres, les cathédrales et les œuvres, ensemble, les unes dans les autres et les autres logeant les unes, ensemble sont le même tissu, la même pierre, le même monument temporel éternel, ensemble la même inscription éternelle, historique, temporelle, ensemble le même dur corps charnel de culte, de piété, le même dur corps creusé de prière et de vie intérieure et d’éloquente, de si éloquente adoration muette. Nouvel iconoclaste c’est pourtant ces œuvres, c’est ces vingt siècles d’inscription que M. Laudet entend nous nier. C’est ces vingt siècles de mémorialiste inscription que ce commandeur entend nous supprimer, nous retirer, nous abroger, nous retrancher ; nous interdire. Vous n’avez donc jamais vu, monsieur Laudet, dans une de nos églises ou de nos cathédrales, où ils sont à leur place, ou du moins dans une exposition ou dans un musée, où ils ne sont pas à leur place, tableau ou statue, toile ou bois ou pierre vous n’avez donc jamais vu l’enfant Jésus porté sur les bras de sa mère, et sainte Anne, et saint Jean-Baptiste, et le vieux Joachim, et saint Joseph. Et Zacharie et sainte Élisabeth. Ces deux ou trois ménages. Et dans un coin le donateur avec ses fils ; et dans l’autre coin la femme du donateur avec ses filles ; et dans le fond un beau village français.

§ 181. — Bannir de chrétienté la jeunesse, nous retrancher de notre christianisme l’enfance notre premier héritage, fleur de chrétienté, source de notre grâce. Retrancher, bannir de chrétienté la pauvreté,