Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/201

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§ 269. — Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que ça veut dire, la liberté de la critique, leur liberté de la critique. Si la liberté de la critique est à eux, elle est aussi à moi. Alors quoi. Y a-t-il un brevet de la critique. N’ai-je point le droit d’être à mon tour, de me faire à mon tour le critique de M. le Grix et de M. Laudet.

§ 270. — Voulait-on qu’assailli des deux côtés à la fois, et des deux côtés contraires non seulement je ne pusse pas travailler à la Jeanne d’Arc, mais encore que je ne pusse répondre à la fois des deux côtés, à ces deux agressions contraires. Malheureusement pour eux ces hautes températures me réussissent admirablement. Aussitôt que le thermomètre passe 35 à l’ombre, cher monsieur Laudet, j’écris tellement vite qu’il y a un margeur uniquement occupé à recevoir ma copie.

§ 271. — Mais qu’est-ce que je vais parler de margeur à M. Laudet. M. Laudet ne sait pas ce que c’est qu’un margeur. Ce fin diplomate sait-il seulement, a-t-il seulement jamais mis le pied dans une imprimerie.

§ 272. — Dans cette sorte de singulier échange de trahison, dans ce contre-appointement ; dans ce singulier balancement de trahison ce sont toujours les cœurs purs qui sont le plus atteints, qui sont pour ainsi dire frustrés. Non seulement les cœurs purs de tous les uns et de tous les autres partis, mais en outre ce sont les cœurs fidèles qui sont frustrés. Ils perdent toujours plus. La contamination a toujours lieu dans le mauvais sens. Sur le plan de la foi les chrétiens sont frustrés. Sur le plan de la culture les tenants de la culture sont frustrés.