Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/216

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Troisièmement que le communiqué paraisse sans titre ni signature entre deux filets maigres. Tout au plus une date, et un lieu d’origine. Cette troisième règle est évidemment la règle principale du communiqué, j’entends sa règle principale typographique, celle qui lui donne sa marque même. Celle qui en fait un communiqué. L’absence de signature répond évidemment à l’absence d’articulation générale, à l’absence de titre, fait particulièrement équilibre à l’absence de titre.

Telles sont les principales règles typographiques du communiqué. Elles sont singulièrement belles. Elles sont singulièrement significatives. Elles font du communiqué dans le journal ou dans la revue un souverain uniforme, qui n’a aucunement besoin d’élever la voix pour se faire entendre, un souverain qui parle toujours dans le même ton, un souverain sans panache et sans liséré d’or. Napoléon laissait à Murat les beaux uniformes.

§ 282. — Mais que vais-je entreprendre d’initier ce diplomate aux beautés, aux secrètes beautés de la typographie. Sait-il seulement ce que c’est qu’un corps typographique. Sait-il seulement ce que c’est que du corps huit, et neuf et dix et douze. Sait-il seulement ce que c’est que de l’italique et de la romaine. Il croit peut-être que c’est de la salade, de la romaine. Sait-il seulement ce que c’est que du bas de casse, et des grandes et petites capitales. A-t-il quelquefois entendu parler de compactes ordinaires et de compactes penchées. Sait-il seulement qu’il y a de la normande et qu’il y a de l’égyptienne.