Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/330

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il est couvert par la dignité historique, (et par la dignité universitaire, et par la dignité d’État), de M. Langlois, sans qu’on sache que c’est le même homme. Et pourtant c’est le même homme. C’est ce cumul que je nomme une duplicité. Et même ce n’est pas une duplicité simple, si je puis dire. C’est plusieurs duplicités. Car c’est une duplicité littéraire, et encontre une duplicité scientifique ; et une duplicité sociale ; et une duplicité d’État ; et une duplicité universitaire. D’un côté, comme Pons Daumelas, il est toujours pamphlétaire. De l’autre côté, il est ensemble et un scientifique ; et un dynaste ; et un puissant ; et un haut (ou un grand) universitaire (comme on voudra) ; et un haut ou un grand fonctionnaire ; et un homme puissant dans l’État ; et un homme qui a une situation de fortune.

Que nos maîtres se fassent pamphlétaires, c’est leur droit ; ils sont libres ; et je n’y vois pour ma part aucun inconvénient. Mais que, comme pamphlétaires, ils ne soient plus revêtus de l’autorité magistrale. Qu’ils soient des hommes comme nous. Des hommes libres. Libres de leur autorité même. Qu’ils soient des simples citoyens dans le pamphlet. Et comme le disait déjà le vieil Aristote qu’ils ne soient pas ensemble et sous le même rapport professeurs et pamphlétaires.

L. — v), — (Dépêchons-nous, mes enfants). — En d’autres termes je veux savoir si, quand je me trouve en présence de M. Pons Daumelas, pamphlétaire, et qu’il se met dans mes jambes je dois le traiter comme un camarade pamphlétaire ou l’appeler Monsieur le Professeur. Et monsieur le Directeur. Et je veux savoir si je puis distinguer entre le mépris que je puis avoir