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Préface

auquel on les doit n’a besoin, pour nous passionner, ni de l’hyperbole, ni de l’impossible. La grande figure du P. Alta, ce prêtre aimé de la princesse d’Este et qui résiste à ses ensorcellements avec l’auguste invulnérabilité de son sacerdoce ; celle du Prince royal de Courtenay, vivant avec la pensée de sa race déchue, qui est son remords dans le vice et qui lui inspire des actions sublimes, dans la guerre de 1870, sont bien autrement impressionnantes que la figure de l’homme des sciences occultes, dressée à côté d’elles et qui n’en efface pas la poésie. Les plus beaux chapitres du roman, par exemple le Krack et l’Argentier du roi en 1881, l’Orgie chez le prince de Courtenay, le P. Alta à Notre-Dame, et l’Émeute au théâtre ne nous remuent tant dans le livre de M. Péladan que parce qu’ils sont de ces faits que nous touchons encore du coude dans la décadence de ces derniers temps… Aussi, que le peintre de cette décadence, exprimée dans ce livre étonnant de vérité en beaucoup de ses parties, se souvienne qu’il n’a pas besoin pour la beauté et la gloire de son œuvre future d’une autre magie que de la magie de son talent !


JULES BARBEY D’AUREVILLY.

Constitutionnel du mardi 10 Septembre 1884