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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/14

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de partisans, toujours prêts à acclamer le soleil levant. Bien peu ont su, à l’égal de M. Mercier, grouper autour d’eux, dans la mauvaise fortune, un pareil nombre d’amitiés et provoquer, jusque dans les plus humbles chaumières, autant de dévouements désintéressés.

À contempler cette large nature, cette physionomie rayonnante de force, de franchise et de volonté, ce type si expressif qui paraît avoir conservé quelque chose de l’empreinte des médailles romaines, on sent à première vue qu’on a en face de soi une puissance. Quand on a pénétré de plus près, quand sous la rigidité apparente de l’orateur, on a été à même de reconnaître et d’apprécier la chaleur de l’âme, la spontanéité de la passion, l’affabilité du caractère, disons le mot, cette bonhomie véritable qui ne s’allie bien qu’avec la force, on n’est point surpris du prestige que M. Mercier a su acquérir auprès du peuple.

Et cependant, il y a, à cette communion intime entre lui et le cœur de la nation, une autre raison qui complète les heureux dons de sa nature. M, Mercier est avant tout et par-dessus tout canadien-français. C’est un enfant du pays dans toute la force du terme. Tous les sentiments généreux qui remuent l’âme de notre peuple ont un écho puissant dans la sienne. Le peuple l’a senti d’instinct et ne s’est pas trompé. Avant d’être un chef de parti, M. Mercier est un patriote.

Patriote, il l’était dès son entrée dans la vie publique, lorsqu’après avoir soutenu le ministère Sicotte, il préféra rompre avec une partie de ses amis plutôt que de les suivre dans la voie de l’alliance avec Brown que, à tort ou raison, il croyait funeste. Il l’était encore, à l’époque de la Confédération, lorsqu’au risque de heurter le sentiment de la grande majorité du public, il n’hésitait point à dénoncer, avec une clairvoyance trop pleinement justifiée par la suite, les embûches et les périls contenus dans l’acte fédéral. Patriote, il l’était encore, dans la plus haute acception du terme, pendant son court passage au Parlement Fédéral, lorsqu’en Canadien-français pénétré de l’étroite et nécessaire alliance de l’idée nationale de l’idée catholique, il prenait vigoureusement, contre Sir John A. Macdonald, la défense des écoles séparées du Nouveau-Brunswick.