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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/18

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aussi loin et qu’il avait été dupe de Sir John ; et le regret de cette fatale méprise, dont il a consigné l’expression dans ses épanchements intimes, a empoisonné ses dernières années.

L’opinion de M. Mercier n’était en ce temps-là que celle d’une petite minorité ; il dut abandonner la rédaction du Courrier de St. Hyacinthe.

Mais, alors, on assista à un étrange spectacle, qui eut dû ouvrir les yeux des moins prévenus. Lorsque le projet de Confédération fut discuté, en 1865, une opposition, peu nombreuse mais vaillante, tenta par une série d’amendements de le rendre moins nuisible au Canada français et plus favorable aux droits des Provinces. Toutes les questions qui ont surgi depuis, d’une façon si fâcheuse pour nous, furent alors discutées par les libéraux. Ils demandèrent, avec M. Holton, que l’acte fédéral reconnût expressément la souveraineté des provinces et ne conférât au gouvernement central que des pouvoirs restreints et délégués. Ils protestèrent contre le mode de composition du Sénat, contre le principe de la nomination des lieutenants-gouverneurs par le gouvernement fédéral, contre le droit de veto sur les législatures provinciales, etc., etc. A chacune de ces attaques, Cartier répondait, en disant que l’acte fédéral constituait «un pacte sacré», et qu’on ne pouvait en changer une seule ligne sans provoquer une rupture avec les autres provinces.

Mais lorsqu’il eût fait repousser, à l’aide de cet argument, les amendements les plus raisonnables, il advint que la Nouvelle-Ecosse et le Nouveau-Brunswick refusèrent d’adopter pour leur part ce «pacte sacré». Il semblait que tout fût brisé, que la question fut appelée à revenir librement devant les chambres et que, le principe de la Confédération une fois admis et maintenu, on pût du moins se concerter de part et d’autre, pour lui apporter dans l’application toutes les améliorations désirables. Cette fois encore, les espérances des amis du pays et de la vraie liberté furent déçues.

M. Mercier était rentré, sur les entrefaites, au mois de janvier 1866, à la rédaction du Courrier de St Hyacinthe ; et il avait formé avec M. de la Bruère, M. Bernier, aujourd’hui surintendant de l’instruction publique au Manitoba, et M. Paul de Cazes,