Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/56

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qui siègent de l’autre côté de la chambre. Dans ces luttes électorales où la passion domine nécessairement, où le raisonnement fait quelque fois défaut, du moins chez nos adversaires, on se laisse souvent entraîner bien loin et on dit, dans certains moments, des choses que le calme et la réflexion feraient trouver fort étranges. Mais, M. l’Orateur, je regrette d’avoir à le constater ici, je n’ai jamais entendu sur les hustings, des paroles aussi passionnées que celles qui viennent de tomber des lèvres de l’honorable chef de l’opposition. Rarement j’ai vu un orateur aussi oublieux de ses devoirs d’homme politique, et se laisser entraîner à un tel point par l’esprit de parti ; l’honorable député a foulé aux pieds, avec un cynisme regrettable, les intérêts de la Province, pour servir uniquement ceux du parti ; méconnaissant ses devoirs les plus sacrés, il a été jusqu’à sacrifier nos droits, notre avenir national ; il a été jusqu’à nier tout un glorieux passé, pour satisfaire les haines de ceux qui l’inspirent ici et ailleurs, de ceux qui seraient prêts à marcher sur les ruines de la patrie pour assouvir leur vengeance et leur ambition.

Appelé, par la confiance de mes amis, à répondre à l’honorable chef de l’opposition dont l’expérience parlementaire est considérable et dont l’éloquence a souvent fait mon admiration, j’occupe une position quelque peu délicate, et je me reconnais avec humilité au-dessous de la tâche difficile qui m’est confiée. Étant plus habitué aux luttes de hustings qu’aux combats réguliers qui doivent se livrer dans cette assemblée distinguée, je suis exposé à violer involontairement quelques-unes des règles de cette chambre, dont vous êtes, Monsieur, le gardien sévère, mais juste. Je réclame donc votre indulgence, celle de mes amis et surtout celle de mes adversaires.

La question qui est actuellement soumise à notre considération est certainement une des plus graves qui aient jamais été discutées dans le parlement de la Province de Québec ; elle est grave par ses conséquences, grave à cause de son objet, et que l’on me permette de le dire, elle est surtout grave à cause de nos dissensions qui nous empêchent de l’examiner avec ces sentiments qui nous donneraient une force que nous n’avons malheureusement pas dans ce moment. Essayons cependant, M. l’Ora-