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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/662

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Direz-vous que, ce faisant, je suis plus coupable que les populations civilisées d’Europe, des Etats-Unis et de l’Angleterre elle-même qui d’un seul mouvement et d’une seule voix ont demandé grâce pour Louis Riel ?

Suis-je plus coupable que les six anglais protestants qui composaient le jury qui a jugé Riel et le gouvernement en même temps et qui se sont crus tenus en conscience à recommander le prisonnier à la clémence de la couronne, parce que dans leur opinion, c’était la mauvaise administration du Nord-Ouest qui avait forcé les métis à se révolter et que Riel étant légalement responsable de ses actes, ne l’était pas moralement.

Car, comme vous le savez, ou vous devez le savoir, le jury n’aurait pas rendu en ce cas un verdict de « coupable » s’il n’avait pas été convaincu que Sir John et ses ministres seraient gouvernés dans leur décision par cette recommandation à la clémence.

La preuve en a été donnée par le chef de l’opposition, l’hon. E. Blake, devant la chambre des Communes, quand il a lu une lettre d’un des jurés du procès de Riel dont j’extrais ce qui suit :

« En le recommandant (Riel) à la merci de la Cour, nous le jury, l’avons fait parce que nous considérions que, bien que le prisonnier fut coupable et que nous ne pouvions le justifier de ses actes pendant la rébellion, nous pensions que si le gouvernement avait fait son devoir et redressé les griefs des métis de la Saskatchewan comme on le leur avait si souvent demandé, il n’y aurait pas eu de seconde rébellion de Riel et pas de prisonnier à juger ni à condamner.

Nous ne pouvions que condamner dans les termes les plus sévères, les retards extraordinaires de Sir John, de Sir D. Macpherson et du lieutenant-gouverneur Dewdney et JE CROIS FERMEMENT QUE SI CES TROIS HOMMES AVAIENT ÉTÉ EN JUGEMENT COMME COMPLICES, LE JURY LES AURAIT TRAITÉ AVEC BIEN PEU DE CLÉMENCE, ET MÊME QU’IL N’AURAIT PAS SONGÉ UN INSTANT A LES RECOMMANDER A LA CLÉMENCE. »

« Quoique je dise « nous » dans presque tous les cas ci-dessus mentionnés, il est possible que tous n’aient pas les mêmes opinions que moi, mais j’ai certainement cru dans le temps qu’ils avaient les mêmes opinions et je le crois encore. »