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Page:Pelland - Biographie, discours, conferences, etc. de l'Hon. Honoré Mercier, 1890.djvu/74

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lution constitutionnelle de toute difficulté ministérielle, et reconnaître quel a été le verdict populaire, c’est se mettre en position de décider correctement le point en litige. Les honorables messieurs de l’autre côté de la chambre peuvent encore essayer à nier la vérité et dire que le ministère Joly n’a pas été soutenu par le peuple, autant vaudrait nier l’existence du soleil en plein midi. Lorsque le premier mai 1878, les élections furent terminées, et que ces messieurs, partis avec une majorité de 22, se trouvèrent dans une minorité ; pouvaient-ils dire que le pays les avait approuvés ? Appelé à juger les actes politiques qui avaient provoqué la démission du cabinet de Boucherville, le peuple s’est prononcé sans ambiguïté. Il a condamné ces actes qui n’étaient pas propres à servir ses intérêts et par conséquent a décidé en faveur de l’opportunité de l’exercice de la prérogative fait par le Lieutenant-Gouverneur. Il a déclaré que la conduite des aviseurs qui étaient en office avant le 2 mars 1878, n’était pas une conduite que la province pouvait supporter.

M. l’Orateur, je crois que dans la vie politique il faut s’attendre à des malheurs et à des catastrophes. Je veux bien admettre, pour le bénéfice de la discussion, que ces messieurs croyaient agir dans les intérêts du peuple quand ils le taxaient et prenaient les municipalités à la gorge.

Je ne veux pas soupçonner un instant leur sincérité, mais je crois fermement que leur intelligence des affaires publiques n’était pas à la hauteur des sentiments patriotiques dont ils pouvaient être animés ; ils n’ont pas compris la véritable situation. Nous avons eu de ces malheurs dans notre parti, nous avons lutté pendant vingt ans contre ce que l’honorable député de Terrebonne appellerait des préjugés du peuple. Avons nous dit que le peuple conspirait contre nous ? Non. Nous avons dit qu’il ne nous comprenait pas, nous lui avons soumis nos opinions, nos mesures et lorsqu’il a été éclairé suffisamment il fut prêt à nous accepter et il nous a acceptés. Mais nous n’avons jamais voulu nous maintenir malgré le peuple ; et surtout quand nous étions repoussés aux poils nous ne disions pas que la constitution était déchirée, que le gouvernement responsable était foulé aux pieds. Non, une telle sottise n’est jamais sortie de nos bouches ; mais nous