Aller au contenu

Page:Pelletan – Le Droit de parler, 1862.pdf/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chacun. La parole, sans doute, contribue à ce déplacement graduel de l’esprit public, mais à la condition rigoureuse de prêcher la vérité et d’abonder dans le sens de l’histoire. Que craignez-vous alors ? n’avez-vous pas la vérité, et n’avez-vous pas signé avec l’histoire un contrat d’assurance ?


XIV


Que craignez-vous encore ? une guerre de discussion ? Mais, par amour-propre, vous devez au contraire la rechercher, puisque, à votre point de vue, vous avez l’avantage de la raison. Ce ne sera qu’une occasion de plus pour vous de prouver la sagesse de votre principe.

Une guerre d’injure ? Mais l’injure entre-t-elle donc si profondément en vous que vous puissiez dire : Périsse plutôt la liberté ? Voudrez-vous donc, dans le même esprit de timidité, renoncer à sortir dans la rue de peur de l’éclaboussure. Mais l’éclaboussure, quand elle vient de l’esprit de mensonge, nous devons l’attendre au contraire comme une récompense. Si le compliment accueillait partout l’homme dévoué à son pays, où serait le mérite du sacrifice ?

La guerre de l’épigramme ? Mais quoi ! les hommes d’État, c’est-à-dire les forts par le cœur comme par la pensée, doivent-ils donc avoir les délicatesses de nerfs