Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/108

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pour combattre le plébiscite ?… » Et il donne verbalement l’ordre d’exécution.

J’ai entendu raconter la suite par M. Duret lui-même dans tous ses détails que contiennent d’ailleurs les journaux du temps. On fit remonter MM. Cernuschi et Duret dans leur voiture. « Bientôt, dit le Gaulois du 30, la voiture qui marchait avec lenteur s’arrêta près d’un cul-de-sac où l’on voyait en face d’un peloton qui semblait en permanence, deux hommes gisant dans leur sang qu’on venait des fusiller. » C’est là seulement que les deux condamnés sans le savoir devinèrent le sort qu’on leur réservait.

C’est alors que MM. Cernuschi et Duret se mirent à apostropher l’officier qui était là. Ils lui firent comprendre la gravité de la responsabilité qu’il assumait. L’officier réfléchit, et résolut de ne rien faire sans un ordre écrit. D’autre part, M. Hervé de Saisy dit, sans préciser, qu’il s’interposa et fut assez heureux pour faire naître une circonstance fortuite à laquelle les deux rédacteurs du Siècle durent leur salut.

C’est ainsi qu’il suffisait, à cette époque, d’être un républicain connu pour être condamné à mort.

Le quartier du Muséum fut couvert de cadavres. Au Jardin des Plantes même, on amenait des prisonniers pour les fusiller. Un témoin en a vu exécuter quinze en trois fois. On m’a raconté l’exécution d’un vieillard qu’un officier venait de souffleter pour une réponse un peu vive. Il se produisit là un fait analogue à celui de Sainte-Pélagie.

Un régiment d’infanterie de marine, descendant du Panthéon, est entré dans le Jardin par la rue Linné vers midi. Au moment où le premier peloton franchissait la porte, une balle venue probablement du quai d’Austerlitz, frappa un lieutenant à la jambe.