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XVII

LES PÉTROLEURS

On sait que la vue des horribles incendies allumés de toutes part dans Paris, soit par les fédérés, soit par les obus, soit par des personnes intéressées, développa dans la population parisienne une sorte de folie ou de monomanie : on fut possédé de l’idée fixe que même dans les quartiers occupés par les troupes, des « communards » cherchaient encore à mettre le feu. On s’imaginait que des misérables, des femmes surtout, jetaient dans les caves, au passage, un peu de pétrole et une mèche incendiaire. On allait jusqu’à croire que les pompiers remplissaient leurs pompes, non avec de l’eau, mais avec des huiles minérales, pour activer les flammes. Et tout Paris, pris d’une même peur, se mit à boucher les soupiraux des caves.

Un peu de réflexion suffit pour voir ce qu’il y a d’absurde dans ces idées. Incendier une maison avec ce qu’on pourrait jeter de pétrole d’une boîte au lait, en allumant ce pétrole avec une mèche lancée rapidement à distance, serait assurément un des tours de force les plus extraordinaires ; et pour qu’on pût remplir les pompes d’huiles minérales, il aurait fallu faire apporter secrètement des quantités considérables de bombonnes au milieu des quartiers occupés par les troupes, sans que personne s’en aperçût, ce qui aurait été singulièrement difficile.

La Commune a eu un historien connu pour la violence de son parti pris : M. Maxime Ducamp. Le nouvel