À Montmartre, dans deux endroits différents, près de la rue des Rosiers et près du Château-Rouge ; j’ai déjà eu occasion de parler de ces deux endroits.
À l’hôpital Lariboisière. — Un interne, alors attaché à l’hôpital, et aujourd’hui pharmacien à Paris, a vu faire des exécutions, tous les jours, sous les fenêtres de l’hôpital, dans les terrains vagues situés boulevard Magenta et où l’on a fait, depuis, des constructions.
À la gare du Nord. — J’ai déjà parlé de la hideuse fosse commune établie en face du café du Delta. Voici ce qu’en dit la Liberté du 5 juin : « Hier soir et ce matin on s’est occupé d’inhumer les cadavres des fédérés entassés dans le terrain vague situé en haut de la rue Rochechouart, en face du café du Delta, Ces cadavres sont en grande partie ceux des insurgés fusillés à la gare du Nord. »
À la Caserne de la Cité, aujourd’hui la préfecture de police, on amenait, m’écrit-on, les victimes liées deux à deux par le piquet, et on les canardait. Un malheureux avait échappé à la première décharge, pendant que son compagnon de corde était tué raide. Il essayait de courir, et de fuir les balles en traînant ce cadavre !
À la caserne du Prince-Eugène. — Un traiteur de la rue Notre-Dame-de-Nazareth s’était caché dans sa cave pendant toute la Commune. L’arrivée de l’armée fut pour lui une fête. Il voulut la célébrer par un déjeuner extraordinaire. Deux amis surviennent : il les invite. Entre un caporal ; « Notre lieutenant a à vous parler. — Que me veut-il ? — Je n’en sais rien ». (C’était probablement une dénonciation d’un ennemi personnel.) Le traiteur part ; ses deux amis l’accompagnent. La femme dit : Je te suis, et monte se chausser. Puis elle cherche à les rattraper. On lui dit qu’ils sont partis