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Maintenant, j’en viens à Gustave Laudet, le fusillé, et à son père, Georges-Jeau-Baptiste Laudet. Leur histoire est l’une des plus révoltantes et des plus curieuses que j’aie trouvées dans cette affreuse semaine de Mai.

M. Georges Laudet est un ingénieur civil de grand mérite : il s’est signalé par plusieurs inventions ; il recevait, en récompense de ses services, une pension de la ville de Paris. Son acte d’accusation (on verra plus loin comment il a eu un acte d’accusation) reconnaît qu’avant le 18 mars il ne s’occupait nullement de politique. En février 1871, M. le général de Ménibus, directeur central de l’artillerie, fit conduire chez M. Laudet, en prévision de l’entrée des Prussiens, des canons qui se trouvaient à Saint-Thomas-d’Aquin. La Commune éclata.

D’après le récit de M. Laudet, des agents de la Commune découvrirent ces canons, qu’il n’avait pas livrés, malgré l’ordre général du gouvernement de l’Hôtel-de-Ville concernant les armes de guerre. M. Laudet fut inquiété : son fils, garde national réfractaire, fut incorporé, de force, dans le 105e ; lui-même fut obligé de reprendre sa fabrication de matériel pour la Commune. Depuis on a nié le récit de M. Laudet ; on a prétendu qu’il avait volontairement livré ses canons et servi la Commune. La pièce suivante prouve le contraire :

« Je certifie que M. Laudet a courageusement, et, dans la mesure de ce qui lui a été possible, rempli le mandat de préservation de matériel français et prussien que je lui avais confié avant le 18 mars, et qu’il avait accepté ; — que forcé d’obéir aux ordres de la Commune, il a procédé à leur exécution de manière à empêcher le tir des canons de 8 se chargeant par la culasse.

» Il a rendu des services réels et marqués à la