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du 22 janvier. Il ne put l’obtenir, et la mesure répressive et immédiate qu’il sollicitait avec instance contre les coupables lui fut refusée. »

On voit quels regrets laissait au général son insuccès provisoire et avec quelles instances il a demandé qu’on s’arrangeât pour fusiller plus vite une autre fois. L’occasion se présenta bientôt. M. Vinoy ne la laissa pas échapper.

Le 17 mars, le gouvernement prenait ses mesures pour attaquer les buttes Montmartre. Il n’était pas question d’insurrection, alors. La garde nationale, il est vrai, avait pris des canons oubliés dans la zone prussienne, et refusait de les rendre. Mais ces canons n’étaient presque plus gardés. Le gouvernement résolut un coup de force. Au petit jour, les troupes graviraient les buttes, et enlèveraient les sentinelles et les postes sur leur passage. Pas de sommation, une surprise. Le premier mouvement d’un poste attaqué ainsi de nuit, à l’improviste, est de se défendre. Eh bien ! M. Vinoy avait donné ordre de fusiller, sans autre forme de procès, tous ceux qui se défendraient. Nous l’en croirions à peine lui-même, s’il ne fournissait une preuve authentique, le texte officiel de l’ordre de mouvement du 18 mars (L’Amnistie et la Commune, pièces justificatives). Voici ce qu’on y lit :

« … Lorsque les colonnes monteront pour enlever les parcs, les premiers arrivés chercheront à surprendre les sentinelles et les postes pour prévenir toute résistance. S’ils déposent leurs armes, on les gardera prisonniers. S’ils résistent et font usage de leurs armes contre la troupe, ils seront passés par les armes sur place. »

Cette fois encore M. Vinoy échoua, ses soldats refusèrent d’obéir. Nous verrons le général prendre sa revanche.