qu’on attribuait un de ces ordres d’incendie, presque tous, sinon tous, apocryphes, dont les journaux de Versailles régalaient leurs lecteurs à cette époque.
M. Parent expliqua aux juges leur erreur : mais il se défendit comme on peut se défendre en de telles circonstances. « Devant l’hostilité flagrante de l’auditoire et l’indifférence de mes juges, dit-il, j’avais ressenti l’accablement d’un homme qui se noie et senti que toute défense me serait inutile. »
Pendant son interrogatoire, un troisième officier était venu : les juges se mirent ensuite à délibérer à voix basse. Pendant qu’ils parlaient entre eux, une grande clameur se fit : on amenait Tony-Moilin.
Je reviendrai sur le procès de Tony-Moilin, dont M. Parent se trouva ainsi spectateur. Quand on eut condamné ce dernier à mort, un des juges aperçut M. Parent, qu’on avait oublié ; il ordonna de le remettre aux isolés. C’était le banc où l’on avait fait placer Tony-Moilin. C’était donc une condamnation capitale ? Était-ce possible ? M. Parent n’en put plus douter quand un officier, qu’il n’avait pas vu jusqu’alors, vint à lui.
Je cite le récit du condamné :
« — Monsieur, me dit-il, on a omis de vous demander si vous étiez marié et père de famille ; dans ce cas, si vous vouliez voir votre femme et vos enfants, si vous avez quelques dispositions dernières à prendre, toute latitude vous sera accordée dans ce sens.
» Et, sur un geste de moi :
» — Ce ne sera que pour demain matin, ajouta-t-il d’un air peiné.
» Pour le coup, j’étais fixé ; un nuage sombre passa devant mes yeux ; mais ce fut l’affaire d’un moment. Faisant appel à tout ce qu’il y avait en moi de virilité