Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/248

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exemption du service militaire pour mon fils aîné qui vient de tirer au sort. On me dit qu’un jugement du tribunal civil peut seul, en constatant la mort ou la disparition de mon mari, me donner droit à cette exemption.

» N’ayant pas le moyen de payer les frais de justice, j’adresse, le 26 janvier, une demande d’assistance judiciaire à M. le procureur de la République. Eh bien, à l’heure qu’il est, on ne sait pas encore si j’obtiendrai cette assistance, au moins d’après la déclaration de M. le chef de la troisième section.

» En sortant jeudi, 6 mars, de son cabinet, je me demandais si l’Assistance judiciaire, sous l’étiquette républicaine, ne se rattachait pas à quelque régime occulte d’un bon plaisir quelconque ; puisqu’on n’était pas certain de l’obtenir, quand on était, comme moi, dans l’impossibilité de vivre de son état ; qu’on avait encore quatre enfants à soutenir ; qu’on loge en garni, ne possédant plus rien au monde et qu’on est veuve de fait, sinon de droit.

» Peut-être, monsieur, en ouvrant une enquête dans votre journal, parviendriez-vous à avoir la preuve de l’exécution de mon pauvre mari. Alors, je serai dispensée des démarches, que la grossièreté des employés de l’Assistance judiciaire rendent si pénible à une femme, qui n’a rien fait pour mériter sa misère, l’a combattue avec courage et l’a supportée sans se plaindre.

» Agréez, monsieur, l’expression de ma reconnaissance et celle de mes meilleurs sentiments.

 » Veuve Tinayre. »