cier de cour, cavalier fort élégant aux bals des Tuileries, se trouva succéder là-bas au trop fameux colonel Dupin dans les contre-guerillas. Il se donne lui-même, en souriant, pour un chef de « brigands », et raconte qu’il a surtout des pendaisons à faire. Cela est dit sur un ton badin et mêlé à des réminiscences de la Belle-Hélène. On croirait, à le lire, qu’il pendait sur un refrain d’Offenbach. En 1870, il conduisit avec un courage aveugle une charge glorieuse et absurde à Sedan. En 1871, il commença la guerre civile par les exécutions mexicaines de Chatou. Nous l’avons vu là, tel qu’il a été depuis : imposant froidement à ses soldats interdits la fonction d’exécuteurs ; puis faisant tambouriner l’exécution par le crieur public avec une proclamation retentissante.
On dit que, lors de l’entrée des troupes, M. Thiers lui-même craignit de le lâcher sur Paris ; on le retint derrière le combat : c’était une précaution bien vaine. M. de Gallifet ne put s’exercer que sur les colonnes de prisonniers ; mais cela n’arrêta pas ses exploits.
Dès le mercredi, nous l’avons vu se promenant le long des remparts, et faisant tirer de la foule des prisonniers des malheureux qu’on fusillait aussitôt par ses ordres. Dans les jours suivants, c’est à la Muette qu’il opéra ; plus d’une colonne, au passage, dut lui payer la dîme du sang.
Tous les renseignements des témoins oculaires ou des journaux sur les épisodes où il figura, concordent sur le caractère de ces fusillades. La manière de M. de Gallifet se distingue par une affectation d’originalité dans la cruauté. Il semble jouir de l’épouvante qu’il inspire, il ordonne l’exécution avec des mots d’auteur ; toute la scène est savamment composée. Tout d’abord, en arrivant, il se nomme ; il dit bien haut : « Je suis