communalistes. Il faillit être mis en pièces. On le sauva, en l’arrêtant. Mais ne croyez pas qu’on voulût le relâcher ensuite. L’officier devant lequel il fut conduit entendait le garder. La manière dont il fut mis en liberté caractérise bien cette époque. L’exactitude des faits m’a été confirmée par M. Ratisbonne lui-même.
Il invoqua le nom de M. Thiers, et demanda qu’on allât s’informer à la présidence, mais l’officier lui fit comprendre qu’il se moquait de cette autorité républicaine. Et M. Ratisbonne restait prisonnier. Survint un de nos confrères de la presse bonapartiste, qui dit à l’officier : « Mais, je connais monsieur… Il faut le relâcher. » Et le poète fut relâché de suite.
Même aventure arriva à M. Sauvestre, rédacteur d’un journal qui s’était pourtant signalé par son opposition à la Commune. M. Sauvestre a raconté lui-même le fait dans une lettre publiée dans les journaux du temps. J’en extrais le passage suivant :
« Au dernier rang, un vieillard, qui paraissait marcher avec peine, était tombé : un militaire sans armes, qui était là en curieux auprès de moi, s’est élancé sur le retardataire, pour le pousser en avant avec une brusquerie qui m’a ému et dont j’ai voulu modérer la vigueur. La colère du soldat, celle de la foule, s’est tournée contre moi, et j’allais, sans doute, passer un mauvais quart d’heure, sans l’intervention d’un agent de police qui m’a arrêté. Grâce à l’intervention de personnes honorables, j’ai été relâché dans la soirée. »
Notez-le bien ; ce n’est pas seulement pour les sauver de la foule que la police arrêtait les auteurs de ces courageuses protestations ; et la preuve, c’est qu’elle les gardait ensuite jusqu’à l’intervention de « personnes honorables ».
Je cite quelques exemples :