des gémissemments mignards et câlins, et leurs bras se pliaient comme ceux des singes, se cassant aux poignets dans des poses bestiales et sauvages.
» Un énorme coquin, espèce de Vitellius de caboulot, dont le bourgeron déchiré laissait voir à nu le torse puissant, rougi à la poitrine par l’habitude des libations, se livrait aux pantomimes les plus attendrissantes pour obtenir une goutte du précieux breuvage. Il avait une de ces têtes d’empereur romain que la foule entraîne aux gémonies. Un pauvre cheval, enragé de soif, s’élançait vers le baquet à travers les groupes et augmentait le désordre. Enfin des verres, des chopes, des bocks, des bols arrivèrent de tous côtés, grâce à la pitié des femmes, et ces malheureux purent au moins se désaltérer comme des hommes et non laper comme des bêtes.
» En regardant ce spectacle, on pouvait tout aussi bien se croire sur le champ de bataille de Pharsale que sur la place d’Armes de Versailles, devant le palais du grand roi. »
Tout commentaire me paraît inutile. Le chapitre est intitulé : les Barbares modernes… et l’écrivain évoque le souvenir, tantôt des Cimbres, tantôt des troupes de Trajan, tantôt du champ de bataille de Pharsale… Où étaient les barbares ? Étaient-ce les captifs ? Et comment se fait-il que le souvenir des massacres et des cruautés antiques revînt, sans cesse, à l’esprit de l’impassible poète ?