M. Melzessard, par humanité, alla chercher un médecin. Il prit sa patente, des pièces établissant son identité, se risqua dans les rues, fut arrêté une première fois, conduit devant un officier de chasseurs, et obtint de lui la permission de circuler à ses risques et périls.
Un peu après, il rencontra une longue file de prisonniers ; il y reconnut deux ou trois de ses ouvriers ; il eut un geste de compassion, un regard d’adieu… Un soldat le prit par le bras, et le jeta dans la file, en disant : « Allons, entre dans la danse. »
Il fut poussé ainsi à coups de crosse jusqu’à des terrains vagues, au pied de la butte Chaumont, le long de la rue déserte qui conduit au parc derrière le marché de la rue de Meaux.
Sa veuve ignora trois mois l’horrible vérité : trois mois, soutenue par un espoir obstiné, elle chercha partout, fouilla les prisons de Versailles et les pontons… Ce n’est qu’après trois mois qu’une pauvre femme, qui avait suivi le convoi de prisonniers, se décida, sur l’avis des gens du quartier, à instruire madame Melzessard de son malheur.
Ces épisodes font comprendre ce qu’écrivait le correspondant du Times à la date du 29 mai :
« À Belleville, on s’est rendu en masse… aucun cadavre d’homme tombé dans l’attitude d’un combattant… mais d’autre part, il y a un nombre effroyablement grand d’hommes qui ont été exécutés sommairement. »
L’assertion de l’écrivain anglais est évidemment forcée : il y eut combat à Belleville sur un grand nombre de points. Mais on massacra aussi beaucoup de ceux qui se rendaient.
Et puis, le combat fini, le massacre continua.
Les lettres adressées au journal anglais donnent