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passa par là dans la journée, vit cet abandon, et avertit les troupes. Elles n’eurent que la peine d’entrer.

C’est l’événement que M. Thiers annonça à la France dans une dépêche ainsi conçue :

« 21 mai, 7 h. 30 du soir. — La porte de Saint-Cloud s’est abattue sous le feu de nos canons. Le général Douay s’y est précipité. »

Dans la nuit qui suivit, le corps de Cissey forçait la porte de Sèvres, aussi peu défendue.

L’armée, pénétrant à l’improviste, ne trouva devant elle que le désarroi. La Commune avait élevé, derrière les remparts, de somptueuses barricades : elles étaient enlevées avant que leurs défenseurs eussent eu le temps d’y mettre les pièces en batterie. Dix heures après l’entrée des troupes, Paris s’endormait sans savoir qu’il était pris. Assi venait en fiacre se faire empoigner par les « Versaillais ». Les fédérés, surpris partout, tiraient quelques cartouches, puis se débandaient. Le premier obstacle devant lequel on s’arrêta fut la forteresse de la place de la Concorde : et elle était abandonnée. L’armée, en tâtant pendant plusieurs heures avec le fusil et le canon ses remparts déserts, donna aux fédérés le temps de les occuper ; à neuf heures et demie encore (le lundi) on pouvait s’y installer presque sans essuyer un coup de fusil[1].

On ignore généralement que la tuerie commença dès les premiers moments. Rien ne l’expliquait alors, ni la nature du combat, qui ressemblait à une poursuite, ni l’horreur des incendies que personne ne prévoyait, ni l’exécution des otages, encore éloignée : rien, dis-je, sauf des ordres précis. Les exécutions de la première heure sont peu connues. On ne s’y attendait pas ; les

  1. V. Maxime Ducamp : Convulsions de Paris : le ministère de la marine.