Est-il nécessaire de rappeler la bordée d’injures que Victor Hugo s’attira pour avoir intrépidement rappelé le droit d’asile et empêché les puissances étrangères de livrer les proscrits aux mitrailleuses de Satory ?
Des coquins bruxellois vinrent, on le sait, assiéger sa maison à coups de pierres. Les journalistes de Versailles semblaient regretter de n’avoir pas pu les lancer. J’ai cité la bordée d’insultes ignobles que publiait le journal de M. Pessard. J’aurai la miséricorde de ne pas nommer l’écrivain qui a écrit la phrase : « Les vérités que les Bruxellois lui ont dites à coups de pierres… » On se rappelle qu’un nommé X. de Montépin se couvrit de gloire en demandant à la société des auteurs dramatiques d’exclure Victor Hugo de son sein. La société vota sur cette proposition qui réunit une trentaine de voix.
Je n’ai pas placé sous les yeux des lecteurs la millième partie des phrases de folie furieuse qui se publièrent alors. Il faudrait citer les journaux entiers. Que penser d’un temps où, devant les boucheries que le lecteur connaît, la Liberté disait (no du 26 mai) :
« Nous n’avons pas dissimulé à nos lecteurs qu’à plusieurs reprises nous nous sommes émus de bruits ou de documents qui prêtaient au gouvernement le dessein de pousser à l’extrême l’indulgence et l’oubli. »
Et où la Patrie racontant l’arrestation d’un fédéré qui avait tiré sur des soldats, ajoutait :
« Je me suis demandé pourquoi on ne l’avait pas fusillé de suite. »