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Puis de très nombreux abattoirs, comme le Collège de France, certaines casernes et le jardin de la rue des Rosiers.

Assurément, ces endroits constituent à eux seuls un chiffre de morts qu’il faut porter à beaucoup plus de 10,000. Or, qu’on songe qu’au dehors de ces points restreints, et relativement peu nombreux, il y a eu, à la lettre, des cadavres dans toutes les rues, sur les places, sur les quais, dans les maisons ; que chaque barricade avait les siens ; que les terrains vagues en étaient remplis : on a vu comment parlent de cet encombrement de cadavres tous les journaux du temps.

Qu’on songe au chiffre considérable des hommes massacrés dans l’entraînement du combat, souvent plusieurs centaines à la fois. (Voir les épisodes de la Madeleine, du cimetière de Montrouge, des buttes Chaumont, etc.)

Qu’on songe à ce qu’il faut de morts pour qu’il y en ait partout dans une ville comme Paris, et qu’on essaye de supputer d’après cela le chiffre des exécutions éparses !

Est-il possible, quand on réunit tout cela, de s’arrêter au chiffre de 17,000 ? N’est-on pas obligé de le grossir au moins de moitié et probablement plus ? Et il faudrait encore y ajouter les fusillades faites hors Paris.

Si, enfin, on essaye de s’éclairer sur le chiffre des victimes, non d’après la nature des exécutions, mais par quartier, par régions, nous arriverons à une conclusion identique. Il y a vingt arrondissements dans Paris ; le XVIe fut probablement celui où le sang coula le moins ; sa population est extrêmement faible, moins du tiers des arrondissements les plus peuplés ; de plus, elle avait émigré en grande partie, d’abord par le seul fait du siège, ensuite parce que le bombardement avait rendu