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balcon : le fédéré le vise et le tue, parce que cet enfant « l’agaçait ». Le coupable est conduit au collège Chaptal, et donne cette explication à l’officier auquel on le mène. Il fait plus, il soufflette son juge : il est exécuté.

Il est toujours bon de vérifier les récits de M. Maxime Ducamp. Quoi qu’il en soit, il résulte de ce récit que, dès le lundi, il y avait au collège Chaptal un officier qui recevait les prisonniers et qui les faisait exécuter. Un témoin oculaire nous a raconté qu’un groupe de fédérés, pris le lundi en défendant le collège même, a été exécuté là. Leur chef, jeune homme de vingt-cinq ans, une rose à la boutonnière, vit fusiller un à un tous les siens. Son tour arrivé, il mit sa rose entre ses dents : c’est ainsi qu’il tomba.

Je tiens aussi d’un témoin oculaire, sur la rue de Laval, un épisode à la fois bizarre et cruel. Il y avait là une barricade au coin de la rue des Martyrs : derrière le mur de pavés les fédérés fumaient, assis à terre. L’officier qui les commandait, debout sur le sommet de la barricade, faisait le guet. La troupe arriva rasant les maisons : l’officier lui fit un signe, et se tut : puis, quand les soldats furent rapprochés, il sauta dans leurs rangs. Les fédérés surpris furent tous tués sur place.

L’officier fédéré s’en fut avec la troupe.

Ce fait concorderait assez bien avec ce qu’ont raconté depuis, sur leur travail dans Paris, les agents secrets du gouvernement régulier.

Un officier supérieur anonyme de l’armée de Versailles, qui a écrit le livre : La Guerre des Communeux, raconte (p. 228) que, rue Caumartin, une dizaine de fédérés défendant la barricade furent cernés et immédiatement fusillés.

Un dernier exemple d’exécution sommaire dans le