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Je lis dans la Petite Presse du 26 mai et dans le Petit Moniteur du 29 mai :

« L’École militaire a été prise lundi, et transformée en prison, ainsi que le parc Monceau.

» C’est là qu’ont lieu les exécutions. Les condamnés montrent autant d’insouciance que d’énergie. Forcés de franchir les cadavres de ceux qui ont été fusillés avant eux, ils les enjambent en faisant une pirouette et commandent eux-mêmes le feu. »

La Patrie du 28 mai fait remarquer qu’on ne conduisait pas tous les prisonniers au parc Monceau, qui n’est clos que de grilles, et où on ne pouvait empêcher les évasions. On n’y conduisait que « ceux qu’on devait passer par les armes ».

On me donne de bonne source, au sujet du parc Monceau, le renseignement suivant :

« Un matin, Clinchant campé au parc Monceau (le lundi par conséquent, puisque dès le mardi il s’emparait des Batignolles) entend des décharges de mousqueterie : il s’informe, et ne recevant pas de réponse satisfaisante, il descend dans le parc où il trouve un piquet de sergents de ville qui venaient de fusiller. — Qui a tiré sans ordre ? — Les sergents de ville répondent : C’est nous… et ils prouvent que s’ils ont agi ainsi, c’est sur des ordres arrivant directement de Versailles, que les individus qu’ils viennent de fusiller ont été choisis et arrêtés avec des ordres nominatifs. »

Le fait a été raconté à celui qui me l’adresse, et à deux de mes amis (deux noms connus du public), par un officier présent à la scène.

Ainsi, dès le premier jour, un abattoir fonctionnait là, par ordre supérieur.

Nous retrouverons plus tard le parc Monceau. Traversons la Seine, et passons au Champ-de-Mars, égale-