le blessé resté près du cadavre entendit d’autres coups de feu.
L’aide-major avait été renvoyé dans la cour sous la garde de deux soldats. Là, tout le personnel était serré et menacé devant un rang de chassepots. Cependant le sous-lieutenant fouillait la maison ; il entre dans la cuisine, tire son revolver sur le cuisinier, qui heureusement a survécu. On frappe à la porte du capitaine Planchet : il ouvre et, avant d’avoir dit un mot, reçoit un coup de revolver à bout portant.
Un commandant de chasseurs mit fin à la tuerie. On plaça à l’ambulance un poste de chasseurs pour empêcher le retour d’horreurs pareilles. Le docteur Franco, échappé au massacre, fut chercher des brassards tricolores à la mairie. Le docteur Choppart et le reste du personnel médical firent leur possible pour ceux de leurs malades qui avaient survécu. Pourtant, les heures qui suivirent furent terribles.
On porta dans la chapelle les cadavres des fusillés, auxquels on en joignit d’autres ramassés dans les environs ; en tout, soixante-quinze à quatre-vingts corps.
Le cadavre du docteur Faneau resta trois jours dans la cour. Le lendemain, la malheureuse mère arrivait folle de douleur. Tantôt elle se jetait sur le corps, tantôt elle se précipitait sur l’officier qui se trouvait là, et lui criait : « Assassin ! assassin ! » — On m’a dit que le cadavre avait été si maltraité, que, comme elle saisissait les mains pour les embrasser, les mains se détachèrent des bras.
La terreur régnait encore dans l’ambulance. Les blessés mouraient de faim. Ils n’avaient de vivres que ceux que fournissait la pitié des voisins. Les femmes venues pour visiter les malades furent conduites sous