Page:Pelletan - Le Comité central et la Commune.djvu/193

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elle ne serait que l’oubli de trois mois de fièvre révolutionnaire, et des excès commis durant cette période.

Cela change bien les dangers, qu’on oppose sans cesse, avec une étrange exagération, aux défenseurs de l’amnistie. — Des raisons, non pas seulement d’humanité, mais encore et surtout de politique, commandent-elles de prendre la grande mesure de pardon, vainement réclamée jusqu’ici ? C’est ce que la position même de la question suffit à décider.

Ce ne sont pas des doctrines de réforme sociale qui survivent à la Commune. — Qu’en reste-t-il donc ? — Du sang versé.

Nous avons essayé d’ébaucher, avec une grande réserve, l’histoire de la semaine de mai, qui donne au souvenir de l’insurrection son caractère hideux. Nous n’y revenons pas : puisse la mémoire de ces hideuses journées être ensevelies au plus vite dans les régions de l’histoire vers lesquelles ont peut se retourner sans passion, parce qu’elles appartiennent entièrement au passé ! Puissent, au plus tôt, les débats qu’elles soulèvent, n’avoir plus, pour les prolonger, pour les enflammer, pour leur prêter une redoutable actualité, la perspective de ce fait de la déportation de plusieurs milliers de Français, de l’exil d’un plus grand nombre, et le deuil que portent encore tant de familles !

Que l’on renonce, pour le moment, aux phrases toutes faites, aux déclamations en cours depuis 1871 ; qu’on veuille réfléchir ; qu’on demande aux témoins oculaires ce que fut cette affreuse période d’incendies, d’exécutions sommaires, de massacres : qu’on tâche d’entrevoir ce qui put se produire, à un moment où l’horreur avait affolé les plus calmes… Je défie per-