riété. Or, la peinture date de la Renaissance. On parle, à la vérité, de peinture dans l’antiquité ; mais comme elle a sombré jusqu’au dernier vestige sous le flot du temps, on veut complaisamment la voir à travers la sculpture ancienne, la juger sur le mérite de cette sculpture, conclure de l’une à l’autre, et proclamer par analogie une sorte d’égalité rétrospective, à Athènes ou à Rome, entre le tableau et la statue. Mais la peinture a-t-elle cependant si bien emporté le secret de son infirmité d’origine que nous devions passer condamnation sur ce jugement par induction ? Je ne le pense pas ; car, de l’aveu même de l’histoire, elle ignorait la perspective et le clair-obscur, c’est-à-dire que, déshéritée de la moitié des notes du clavier, elle devait rendre nécessairement une harmonie incomplète sous le doigt de l’artiste.
Mais avons-nous le droit de raisonner en bien ou en mal d’un art absent, inconnu, enseveli, évanoui à jamais derrière l’horizon du temps ? Pourquoi non ? si la peinture antique, quoi qu’on ait pu dire, a laissé trace de son passage, et, comme une ombre d’elle-même, suffisante pour apprécier, sinon l’œuvre, du moins le système. Nous ne connaissons, sans doute, aucun tableau de Timanthe ou de Parrhasius, mais nous en possédons çà et là la contre-épreuve. Rome, médiocrement dotée du génie artiste, prenait son parti de son infériorité en copiant à l’infini les chefs-d’œuvre d’Athènes et de Corinthe ; elle tirait volontiers cent