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agricole, la réserve de secours mutuel, le travail par association, l’assistance à domicile, la table commune, la nourriture à bon marché, etc., etc. Il faudrait bien en conscience avoir abaissé sur son regard le bandeau du scepticisme pour refuser de reconnaître une nouvelle effusion de l’esprit de progrès et une nouvelle promesse de progrès, dans cette tempête de sympathie, qui souffle en ce moment de l’âme humaine sur la société, et qui emporte, tout cœur chaud dans un immense tourbillon de dévouement à la cause du prolétaire, ce frère de seconde venue, encore attardé dans la misère et dans l’ignorance.

Mais, à supposer même que la forme sociale ait progressé, allez-vous répondre, quel argument pouvons-nous tirer de ce progrès, quand nous voyons la forme politique lui donner perpétuellement un démenti ?

« Nous flottons encore, dites-vous, comme l’antiquité, entre cinq ou six formes politiques de gouvernement, qui se combattent et se succèdent avec une égale impuissance de durée et de stabilité. L’acharnement même des peuples européens à chercher des formes meilleures de gouvernement ou de société atteste le travail et l’inquiétude d’esprit qui s’agite dans un perpétuel effort. »

Depuis quand donc le travail et l’inquiétude d’esprit seraient-ils des symptômes d’impuissance ou d’immobilité ? Aimeriez-vous mieux, par hasard, en Europe, le sinistre repos du cimetière ? Hier encore ; les peuples