tions ou nos mélancolies, accepter ou repousser le progrès ; mais du moment où nous l’acceptons, nous devons l’accepter comme une loi de l’humanité. C’est parce que la Providence, en nous créant, nous a créés à la fois sociables et perfectibles, que nous vivons en société, et qu’à l’aide de la société, nous marchons à notre perfectionnement. Autrement il y aurait un effet sans cause, ou un effet supérieur à la cause, hypothèse qui, en bonne dialectique, implique contradiction.
Or il est de l’essence d’une loi de nature, préposée à la destinée d’un être, de rester sur cet être à l’état d’immanence et d’inviolabilité ; à ce point de vue, le progrès, envisagé comme loi, comme cause, est à proprement parler continu, car la faculté de la perfectibilité, toujours présente dans l’homme, agit toujours sur l’homme réellement ou virtuellement, à ciel ouvert ou en silence.
Mais, d’une cause toujours agissante, pouvons-nous conclure à un effet toujours visible dans l’humanité ? non ; car cette cause n’agit pas toujours dans les mêmes circonstances et sur les mêmes obstacles. Elle doit nécessairement subir, du fait de ces circonstances et de ces difficultés, des variations et des retards.
Si donc, regardant du matin au soir votre pendule, vous demandez, à chaque tour de l’aiguille sur le cadran, quel nouveau progrès sensible le temps a accompli dans la journée, le plus intrépide croyant à la perfectibilité éprouvera sans doute quelque embarras à vous répondre. Le progrès ne fait pas au temps l’honneur de